Le domaine de l'iserand : Jeff Malsert
Éduqué aux plaisirs viniques par son père avec les Hermitage et Saint-Joseph des domaines Jean-Louis Grippat et Jean-Louis Chave, Jeff est passionné par la vigne et le vin. Cette passion a structuré son horizon professionnel avec des expériences de vinifications à la cave de Tain, en Nouvelle Zélande et en Australie puis l’ouverture de son bistrot à vins et enfin, pour point d’orgue la fondation de son domaine à partir de friches ayant été naguère cultivées par son grand-père.
De 2011 à 2017, Jeff est double-actif. Il partage son temps entre son bistrot tournonais et la constitution de son vignoble. Sur la commune de Sécheras, il investit la ferme abandonnée de son grand-père et défriche patiemment et méthodiquement le coteau familial exposé plein sud. Il accorde un soin tout particulier à la sélection du matériel végétal qu’il implante sur ses parcelles en procédant à des sélections massales dans les belles vignes de la région. Il est accompagné dans ce travail par le pépiniériste réputé Lilian Berillon. A côté de ce coteau, Jeff implante également du vignoble sur le plateau granitique de la commune de Sécheras, de la Syrah d’abord sur une parcelle très qualitative à proximité immédiate de l’AOP Saint-Joseph (Clos des Vaches), du Viognier, de la Marsanne et de la Roussanne et dernièrement du Gamay et du Chasselas. Dans un contexte de réchauffement climatique, difficile à contester dans la région, gageons que ces vignes haut perchées (à plus de 350 mètres d’altitude) sauront conférer fraîcheur, dynamisme et légèreté aux jus qui en seront tirés. Parallèlement, Jeff a procédé à l’acquisition d’un hectare de Saint-Joseph sur la commune d’Ozon pour étoffer son vignoble.
Une grande partie du vignoble du Domaine de l’Iserand n’a donc jamais connu de chimie. Les vignes sont toutes conduites en agriculture biologique. Les sols sont travaillés à la pioche et au mulet. Le prestataire qui assurait le travail des sols, dont la tâche était rendue difficile par le morcellement du vignoble, a proposé à Jeff de récupérer son vieux mulet pour être autonome sur ce plan. Jeff a accepté, d’autant plus que son grand-père travaillait avec une mule dénommée Coppi, en hommage au coureur cycliste italien. Vous comprenez dès lors la raison de la présence d’oreilles équines sur les étiquettes et les références à Coppi dans les noms des vins.
En cave, Jeff cherche à produire des vins rhodaniens digestes, frais et aériens. Sur les rouges, il privilégie la vendange entière, réalise des vinifications sans aucun intrants. Sa réflexion sur les élevages est intéressante puisqu’il recourt à la fois aux contenants traditionnels de la région – les demi-muids, à savoir des fûts de chêne non neuf de 600 litres – mais aussi aux cuves diamant en béton et aux amphores. Le premier contenant, à travers la micro-oxygénation qu’il permet, confère de la patine aux vins alors que les deux autres types de contenant exacerbent le dynamisme du fruit et apportent de la droiture. Pour les blancs, Jeff utilise son vieux pressoir vertical et procèdent à de courtes macérations qui leur apportent tenue et fraîcheur bienvenues dans la région. Les vins sont mis en bouteilles sans collage ni filtration.